Opération FLY-TOX (4/4) : De temps à autre, un drapeau rouge…

Mise à jour le : 17 Juil 2025
Visuel 4 Fly Tox
Le gouvernement belge quitte Londres le 8 septembre 1944 pour regagner Bruxelles. On reconnait au centre les ministres Paul-Henri Spaak, Hubert Pierlot et Camille Gutt. Archives historiques de BNP Paribas Fortis

Début septembre 1944, alors que les armées alliées progressent à toute vitesse à travers la Belgique, un inspecteur de la Banque de la Société Générale de Belgique remonte les files de chars américains à bord d’une camionnette. Objectif : se rendre dans les territoires libérés pour communiquer les consignes concoctées par le gouvernement belge à Londres. Il y va de la stabilité financière du pays.

3 septembre


Libération de Bruxelles

4 septembre


Annonce par Camille Gutt depuis la BBC des premières mesures économiques à prendre pour le pays

5 septembre


Le texte des six arrêtés-lois est diffusé via Le Moniteur dont les premiers exemplaires sont expédiés à Bruxelles. La Banque prépare, sans plus tarder, la circulaire qui devra être diffusée dans ses agences

Mission accomplie !

Le retour vers Bruxelles s’effectuera sans encombre : « nous roulions à gauche pour dépasser la colonne qui occupait la route ; nous étions toujours précédés par des motocyclistes, ce qui a fait croire à plusieurs personnes que notre auto transportait une personnalité. » En chemin, Mahieu prend le temps d’avertir personnellement les gérants des agences de Leuze, Ath et Enghien, les priant d’aviser les agences voisines. « Nous étions de retour à Bruxelles vers 16h, les vêtements maculés de poussière et sentant l’essence à une lieue. C’est dans cet état qu’on nous demanda de faire rapport de notre voyage au conseil de direction de la banque. »

Une banque « au taquet »

Au total, l’expédition est un succès. Partout, les personnes que Mahieu a pu rencontrer ont apprécié « l’intérêt de l’administration centrale à l’égard de leurs siège et agences et la rapidité avec laquelle le contact a été repris ». L’inspecteur a constaté aussi que l’avancée alliée a été tellement rapide que peu de dégâts matériels sont à déplorer aux sièges et agences. Sur le plan politique, il a observé que les armées anglaises et américaines sont partout accueillies avec des manifestations de joie. Quel est le risque de voir la Belgique basculer dans le communisme ? « On voit de temps à autre un drapeau rouge mais ils sont rares et la plupart du temps, les gens les arborent avec d’autres drapeaux des pays alliés. »

En route pour l’assainissement monétaire

Pendant un mois, les transactions financières seront pour ainsi dire gelées en Belgique grâce au concours des banques. Le 8 octobre 1944, alors que le territoire national est désormais délivré à 90%, le ministre Gutt procède à une opération d’assainissement monétaire drastique, de façon à ramener autant que possible la masse monétaire en circulation à ce qu’elle était au déclenchement de la guerre. Le solde, quelque 100 milliards de francs, sera bloqué et l’essentiel de cette somme sera converti en bons d’État. Le ‘miracle belge’ – expression qui désigne le redécollage rapide de l’économie nationale immédiatement après la guerre –peut commencer.



Partager cette page sur :

Aimer cette page

Vous avez aimé cette histoire ?

Cette sélection d’articles pourrait aussi vous intéresser !